« Le quart Alexandre Nadeau-Piuze, souvent frappé derrière sa ligne, n'a jamais baissé les bras. Il a d'ailleurs amélioré plusieurs marques d'équipe avec notamment 248 verges de gains par la passe en deuxième demie. »

Michel Marois, « La saison des carabins est terminée »,
La Presse, 6 novembre 2010

Qui est donc Alexandre Nadeau-Piuze? Un ancien du collège, finissant en juin 2005... Cet automne, peu de matchs de l’équipe de football des Carabins de l’Université de Montréal se sont joués sans qu’on parle de lui dans les articles de journaux...

Nous avons eu la chance d’échanger avec Alexandre, un jeune homme équilibré et sympathique, pour en savoir davantage sur sa carrière de footballeur.

Pendant son séjour à St-Jean-Vianney, Alexandre faisait déjà beaucoup parler de lui... Il a fait partie des équipes de football, de basketball et de volleyball... « Ma mère, raconte-t-il, devait me voyager tous les soirs à cause de mes nombreux entraînements »... Au football, Alexandre a, dès ses débuts, obtenu le poste de quart-arrière des Dragons, et il a bénéficié des conseils de notre célèbre Coach Paquette.

Alexandre reconnaît qu’il a eu beaucoup de chance d’avoir des parents qui encourageaient le sport, à la condition qu’il respecte la règle de base : réussir ses études. Il s’organisait donc pour répondre à leurs attentes, heureusement sans trop de difficultés. Il pratiquait ses sports avec enthousiasme; selon les entraîneurs, il était reconnu pour sa discipline et son excellent esprit sportif... C’est d’ailleurs pourquoi il a remporté, à la fin de chaque année de son secondaire, le Méritas Personnalité sportive masculine de l’année... Un exploit impressionnant!

Personnalité sportive de l'année en cinquième secondaire,
Gala Méritas, juin 2005

Vers les Phénix

Les bons joueurs de football du secondaire sont bien sûr dans la mire des entraîneurs d’équipes collégiales... Ceux-ci étudient les jeunes lors des camps d’entraînement et de sélection ou encore pendant les matchs étoiles... Alexandre a été approché par plusieurs cégeps. Son choix s’est porté sur le Collège André-Grasset, dont l’équipe des Phénix fait partie de la catégorie AA... Pour les novices, précisons que de nombreux cégeps font partie du AAA, une catégorie plus forte. Alexandre a choisi Grasset, bien que des équipes AAA l’auraient volontiers accueilli, parce que le programme d’études lui convenait davantage; c’est aussi parce qu’il savait que l’entraîneur-chef de Grasset faisait toujours en sorte que son équipe développe un excellent calibre, même si elle évoluait dans le AA.

En septembre 2005, Alexandre se retrouvait donc en sciences nature au collégial, un programme qui demande beaucoup de travail, et quart-arrière des Phénix de Grasset. Comme bien d’autres étudiants, Alexandre avait opté pour les sciences nature afin de ne se fermer aucune porte, étant incertain quant à son choix d’avenir professionnel.

Pendant ses deux saisons chez les Phénix, Alexandre a fait de l’excellent travail. Il a terminé la saison 2006-2007 au premier rang chez les quarts-arrières, réalisant « 19 passes de touché et, surtout, un total de 2 224 verges de gains par la passe en dix rencontres. Il a en plus gagné 478 verges au sol et marqué cinq touchés. Son total de 478 verges lui a conféré le septième rang chez tous les porteurs de la division un du football collégial AA. » (Serge Vleminckx, « Un œil sur Alexandre Nadeau-Piuze », Journal de Montréal, 7 mars 2008)

Pendant sa deuxième année de cégep, Alexandre a été recruté pour faire partie d’Équipe Québec, la formation composée de footballeurs de 19 ans et moins qui a défendu les couleurs du Québec aux championnats de la Coupe Canada MU19 2007. Étant donné qu’une équipe s’était désistée, Équipe Québec s’est retrouvée tout de suite au match de demi-finale, qu’elle a malheureusement perdu.

　
Vers les Carabins...

Les recruteurs des équipes sportives universitaires recherchent, évidemment, les joueurs qui se démarquent le plus. Ils sillonnent les terrains collégiaux et ne manquent pas non plus d’assister aux matchs de la Coupe Canada... Les exploits d’Alexandre lui ont permis de se faire remarquer et encore cette fois, diverses équipes l’ont approché pour le prendre dans leurs rangs.

Alexandre a choisi l’Université de Montréal. Il s’est inscrit au baccalauréat en administration des affaires, avec une spécialisation en gestion des opérations et de la logistique, à HEC Montréal, et il a fait son entrée comme quart-arrière chez les Carabins. Dans un article paru sur le site RDS.ca en juin 2008, l’entraîneur-chef de l’équipe, Marc Santerre, déclarait au journaliste Rémi Aboussouan : « Avec le départ de Stéphane Larosilière et d’Érick Poirier, il nous fallait trouver un quart-arrière. Et en Alexandre Nadeau-Piuze, on considère avoir le meilleur passeur qui était disponible. » Le journaliste ajoute : « L’électrisant quart, produit du Phénix d’André-Grasset, donnera une belle profondeur à l’équipe à la position la plus importante au football. » (« La guerre du recrutement », rds.ca, 24 juin 2008)

Pendant ses deux premières saisons avec les Carabins, surnommés « les Bleus », Alexandre a participé à peu de matchs, car il a malheureusement écopé de blessures. La première année, il a dû être opéré au pouce, et la deuxième année, au pied, ce qui, dit-il, a freiné sa progression. Malgré ses blessures, toutefois, il participait à tous les entraînements et à toutes les rencontres d’équipe.

Cet été, ayant à peu près réglé ses problèmes physiques, il était prêt à prendre toute sa place dans l’équipe. Le quart-arrière principal des saisons précédentes, Marc-Olivier Brouillette, avait justement quitté l'équipe pour joindre les rangs des Alouettes de Montréal. Alexandre s’est alors battu pour obtenir le poste, convoité aussi par quatre ou cinq autres quarts. Les entraîneurs lui ont fait confiance, et il a pu se lancer dans la saison comme quart-arrière principal des Carabins. Il était partant pour presque tous les matchs, même s’il a réussi à se casser le pied de nouveau... Encore une opération à venir!

Souffrant, jouer comme quart-arrière avec un pied cassé? « Oui, mais je me dis que c’est dans la tête que ça se passe... Pendant la saison, je me disais que je n’avais pas mal, que je pouvais passer au travers... » Ouf...

La vie de footballeur universitaire

Pendant la saison active, le football occupe une très grande partie du temps des étudiants, d’où la nécessité pour eux de savoir très bien s’organiser pour arriver à tout faire. Du lundi au vendredi, raconte Alexandre, les joueurs se retrouvent à 15 h 30 pour des entraînements, des réunions, des visionnements, etc., et ils terminent la séance vers 21 h 30... Ce sont donc six heures très intensives, cinq jours de suite... Les matchs ont habituellement lieu le samedi, et le dimanche, l'équipe se rencontre à nouveau, cette fois pour analyser le match, se remettre en forme et évacuer l’acide lactique accumulé dans le corps à cause des efforts intenses déployés pendant la partie.

La saison active se termine en novembre, et les joueurs sont alors « libérés » jusqu’en janvier. La saison « morte » commence alors : on recommence à se mettre en forme – course, conditionnement physique, musculation... – sous la supervision des entraîneurs des Carabins.

L’équipe de football des Carabins peut compter sur les conseils et le suivi de douze entraîneurs. Quatre s’occupent à temps plein des footballeurs; quatre autres travaillent aussi à temps plein, mais pour les divers sports représentés par les équipes de l’université. Ils sont donc particulièrement actifs auprès des footballeurs pendant les mois d’automne. Enfin, les quatre derniers sont là, durant la saison active, pour veiller à l'entraînement des joueurs, selon leur spécialité.

Chez les équipes universitaires du Québec, on insiste pour que les joueurs ne performent pas uniquement dans leur sport, mais réussissent également leurs études. Parmi les quelque 90 joueurs faisant partie de la formation des Carabins, quarante sont inscrits en Arts et sciences, onze sont à HEC Montréal, sept étudient en relations industrielles, alors que les autres se répartissent dans divers autres programmes : polytechnique, droit, kinésiologie, éducation physique, etc.

Selon Alexandre, il est important que les joueurs obtiennent un diplôme universitaire, pour « après ». En effet, chaque année, seulement trois ou quatre joueurs par équipe sont recrutés comme professionnels, et lorsque c’est le cas, la carrière d’un footballeur dure dix ans au maximum. Pour tous les autres, la carrière s’arrêtera avec la fin des études universitaires : « Il faut donc essayer de ramasser le bagage universitaire le plus gros possible pour avoir une belle vie ensuite... »

Alexandre ne croit pas que, dans son cas, sa carrière de footballeur se poursuivra après les Carabins... Mais bien sûr, il ne tournera pas le dos s’il est repêché pour une ligue professionnelle! Toutefois, il ne se fait pas d’illusion : si Marc-Olivier Brouillette évolue maintenant dans la ligue canadienne, aucun quart-arrière universitaire québécois n’a jamais été recruté par la ligue américaine.

Alexandre obtiendra, en avril 2011, son diplôme de baccalauréat. Est-ce à dire que sa carrière chez les Carabins est terminée? Ce n’est pas son intention... Il poursuivra donc d’autres études, soit vers la maîtrise, soit vers un certificat ou un deuxième baccalauréat, pour se spécialiser davantage, mais aussi pour obtenir le droit de continuer à jouer, maintenant qu’il a pris toute sa place dans l’équipe. Il aimerait bien jouer encore une ou deux saisons avant de s’arrêter. Après quoi, « je vais donner quelques années de repos à mon corps... et essayer de réparer le plus de choses possible pour pouvoir encore marcher à 40 ans! » Imaginez ce qu’endure un footballeur qui se fait plaquer match après match, et plus d’une fois!

　
La saison 2010 des Carabins

Les Carabins ont connu une belle saison, raconte Alexandre : « Une belle saison, une bonne équipe; on a eu des hauts et des bas, mais on termine au septième rang au Canada. » Lors de la demi-finale provinciale, disputée le 6 novembre sur le terrain des Carabins, l’équipe montréalaise s’est tristement inclinée 26-33 devant le Vert et Or de l’Université de Sherbrooke. « On a essayé de remonter au dernier quart, parce que dès le début du match, on perdait. On a joué du football de rattrapage. À la fin, on a joué le tout pour le tout, mais on est parti trop tard... »

Divers journalistes ont souligné la bonne performance d’Alexandre pendant ce dernier quart... Est-il satisfait de son jeu? « Oui et non; du côté personnel, oui, mais si l’équipe ne gagne pas, ça ne sert à rien! » C’est ce qu’on appelle avoir un esprit d’équipe.

L’importance de l’esprit d’équipe revient souvent chez Alexandre lorsqu’il parle de son sport. Il s’explique : « On est 12 en même temps sur le terrain. Si une personne ne fait pas son travail ou n’est pas à son affaire, plus rien ne marche. Jouer à 11, c’est impossible, les 12 doivent travailler ensemble. Tout est vraiment calculé, chacun sait ce qu’il doit faire et ça pourrait être dangereux si un joueur ne faisait pas son travail. C’est un vrai sport d’équipe, je peux le confirmer. »

C’est pour cet esprit qu’il a décidé de se consacrer exclusivement au football : « Le travail d’équipe, dit-il, c’est devenu une passion. Dans les autres sports, il y a plus d’individualisme. Au football, il y a davantage un sentiment de famille, de confiance, et c’est ce qui m’a le plus accroché. »

Alexandre aime aussi le football parce que c’est un sport qui demande d’être très organisé. « Tout est planifié avant d’entrer sur le terrain, explique-t-il, et ce sens de l’organisation se reflète ensuite dans la vie de tous les jours. »  Voilà ce qui l'aide à réussir à la fois sur le terrain et dans ses études.

Même si les jeux sont planifiés, décidés par le coordonnateur, une fois sur le terrain, c’est Alexandre qui se retrouve avec le ballon. L’une des grandes qualités qui lui est reconnue, c’est qu’il a la capacité de bien lire le jeu et à prendre les bonnes décisions. « À chaque jeu, j’ai le ballon; il faut que j’exécute le mieux possible, sinon il ne se passe pas grand-chose. Je dois donner le ballon à mes joueurs de la bonne façon afin qu’ils puissent faire des jeux. » Son intelligence du jeu est appréciée. Mais au fil des commentaires de l’entraîneur-chef Marc Santerre, qui a dû quitter ses fonctions à la fin de la saison, et de divers journalistes sportifs, on relève aussi le courage d’Alexandre, sa capacité à ne pas abandonner, à se donner à fond; on évoque aussi la force de son bras – bien utile pour des lancers efficaces – et sa rapidité.

　
Des conseils pour ses cadets et cadettes du collège

Alexandre nous apparaît réellement comme un modèle de jeune sachant se frayer un bon chemin... Il sait faire un juste équilibre entre le sport et les études, tout en ayant une vie sociale bien remplie. Il connaît les limites de son sport, et n’oublie pas de préparer son avenir à l’extérieur du sport. Il est donc bien placé pour donner des conseils aux jeunes sportifs et sportives, et tout particulièrement aux footballeurs...

Son message est simple : « il ne faut pas lâcher. Il ne faut surtout pas se décourager, parce que c’est sûr qu’il y a des moments difficiles. Le football, c’est un sport de compétition : dans les grosses équipes, tu n’as pas toujours le rôle que tu veux, il y a beaucoup de monde... Il faut vraiment persévérer. »

Nous retrouverons Alexandre Nadeau-Piuze en septembre prochain, pour une nouvelle saison avec l’équipe des Carabins de l’Université de Montréal... D’ici là, si vous voulez avoir une petite idée de l’atmosphère d’un match universitaire, visionnez cette capsule vidéo annonçant le match du 6 novembre dernier... Surveillez bien le numéro 10!

http://www.youtube.com/user/CarabinsUdeM  

Photo en vignette : James Hajjar, photographe officiel des Carabins (photo prise le 2 septembre 2010); voir plusieurs des photos de James Hajjar sur sa page Facebook :
http://www.facebook.com/pages/Laval-QC/James-Hajjar-Photographe/162445935498.

Marie Douville
Dam'dou rédaction - conception