Nouvelles du Collège Saint-Jean-Vianney

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50 ans : c’était... au début du printemps

La célébration des Jours saints à St-Jean-Vianney...

Quel est l’événement qui se produit, chaque année, au début du printemps...? Et qui procure habituellement quelques jours de congé aux élèves, aux parents, à un peu tout le monde? La fête de Pâques, bien sûr, qui est célébrée le premier dimanche suivant la pleine lune du début du printemps! Selon de savants calculs établis vers le troisième siècle, Pâques peut donc se vivre au plus tôt le 22 mars et au plus tard le 25 avril.

Depuis plusieurs années déjà, la fête de Pâques et surtout les jours saints qui la précèdent ne sont plus l’objet d’obligations pour les élèves... Terminée, la visite collective à la chapelle, marquée par le passage rituel auprès d’un confesseur, pour obtenir l’absolution... Terminés depuis longtemps, les « congés d'école » juste avant Pâques, mais marqués par l’obligation d’aller à l’église le jeudi soir, le vendredi après-midi, et encore le vendredi soir, pour les divers « offices » des jours saints. « Faire ses Pâques » n’évoque rien, ni pour les élèves d’aujourd’hui, ni même pour la majorité de leurs parents...

Pourtant, quand on écoute parler les anciens de St-Jean-Vianney, surtout ceux des premières années, les Jours saints ont laissé des souvenirs impérissables. Bien sûr, on s’en souvient, le collège a d’abord ouvert ses portes à des hommes, jeunes et moins jeunes, aspirant à devenir prêtres... Dans ce contexte, les célébrations des Jours saints prenaient tout leur sens... Puisons dans Collège St-Jean-Vianney – 50 ans d’histoires... – afin d’évoquer quelques souvenirs de cette époque.

Avant tout, situons brièvement ces jours saints dans le calendrier... Il y a d’abord le dimanche des Rameaux, une semaine avant Pâques, qui souligne l’entrée de Jésus dans Jérusalem... Le soir du Jeudi saint rappelle la « dernière Cène », le dernier repas de Jésus entouré de ses apôtres, au cours duquel il a lavé les pieds de ses disciples. Le Vendredi saint, la cérémonie de l’après-midi commémore les dernières heures de Jésus et sa mort sur la croix, alors que dans la soirée, les croyants se réunissent de nouveau à l’église pour vivre le chemin de croix. Tout tombe ensuite dans le silence et le noir jusqu’au samedi soir, alors que la célébration de la « veillée pascale » marque le passage des ténèbres vers la lumière et la résurrection au matin de Pâques.

À St-Jean-Vianney, ces Jours saints donnaient lieu à de très belles cérémonies, vécues en commun par tous ses habitants : prêtres et enseignants, étudiants, religieuses, retraitants, paroissiens... Contrairement à ce qui se faisait dans plusieurs pensionnats, alors que les internes retournaient dans leur famille pour prendre quelques jours de congé à partir du mercredi avant Pâques, les étudiants de St-Jean-Vianney demeuraient au collège pour vivre les jours saints, et ne commençaient le congé de Pâques qu’à la fin de la veillée pascale, le samedi soir.

Robert Allard, finissant au collège en 1966, se souvient qu’en vue des Jours saints, les étudiants vidaient complètement la chapelle pour faire le grand ménage et cirer le plancher. Ensuite, raconte-t-il, « on plaçait la chapelle différemment, les bancs étaient de chaque côté. De cette façon, pendant les longues lectures, chaque côté se répondait tour à tour... Je me souviens de fous rires généraux, quand il fallait que les pères chantent certains passages... Ils faussaient et nous [les étudiants], on partait à rire... » Souvenir amusant de célébrations parfois austères...

Plusieurs étudiants de la première décennie du collège rappellent la célébration du Vendredi saint, qui prenait une teinte toute particulière. Le père Jean-Yves Simard, que de nombreuses générations d’étudiants de St-Jean-Vianney ont connu, puisqu’il y a occupé diverses tâches et est encore présent, lors de certaines activités, a conservé vivace ce souvenir de l’époque où il était lui-même étudiant au collège [1959 à 1965; voir les pages 153-154 qui lui sont consacrées dans le livre]. « Pour le repas du midi, on mangeait à genoux dans la salle de récréation. Le père Ménard et les autres pères servaient les étudiants; ensuite, les étudiants servaient les pères. On mangeait des fèves au lard et du pain... »



Dîner du Vendredi saint (1961)


Dans les années qui ont suivi le concile Vatican II, soit à la fin des années soixante, les cérémonies liturgiques ont connu un souffle nouveau, tout particulièrement celles du jeudi soir, commémorant la dernière Cène. Julien Faucher, étudiant au collège de 1967 à 1972, raconte : « Toutes sortes d’expériences étaient faites dans la liturgie des Jours saints. Je me souviens d’une année où des tables rondes avaient été installées dans la chapelle; tous étaient assis à ces tables et on avait reçu une coupe de vin, du pain, pour communier ensemble à ce repas. »

Célébration de la dernière Cène, Jeudi saint (vers 1970)


Le père Raymond Proulx, enseignant au collège puis directeur, garde lui aussi un souvenir très clair de ces jours : « C’était magnifique. Dans la grande salle, il y avait les tables rondes, et en avant, on faisait une grande table comme à la dernière Cène; on était douze prêtres. Au lieu de faire un lavement des pieds, on mettait un grand tablier blanc par-dessus nos soutanes et on servait aux tables. C’était très symbolique, le service. On servait les étudiants. »

C’est ce même père Proulx qui a largement contribué à laisser des souvenirs si marquants pour de nombreux participants à ces cérémonies. En effet, pendant quelques années, il en a signé les décors, tout comme il l’avait fait pour plusieurs « Soupers canadiens » dont nous parlions en février.

Julien Faucher raconte, les yeux toujours pleins d’admiration, le souvenir d’une veillée pascale : « M. Turowsky et le père Proulx avaient fait un Jésus ressuscité en papier mâché de 9 pieds de haut avec un visage et des mains qui paraissaient être en plâtre. Ils l’avaient placé derrière l’autel, avec un drap le dissimulant. La veillée commençait toujours par la bénédiction du feu nouveau, dans le noir; ensuite on allumait les lumières. Cette fois-là, quand ils ont allumé les lumières, ç’a été un choc total pour tout le monde. On a vu ce grand Christ en gloire, à l’arrière de l’autel... C’était tellement beau, extraordinaire... »

Célébration de la résurrection (vers 1973) 


Au cours des années 1970, on le sait, le collège a ouvert ses portes à des externes et à des étudiants de niveau collégial ne s’orientant pas nécessairement vers des études théologiques, puis à des élèves du secondaire. Les grandes cérémonies des Jours saints ont peu à peu disparu, laissant place à de plus petites célébrations, puis à des rencontres thématiques, un foyer à la fois, avec l’animateur de pastorale jusqu'à la fin des années 1990.  

Aujourd’hui, dans une société pluraliste, il devient parfois délicat d’évoquer le sens de la fête de Pâques, même si l’on tient à ce congé! Le slogan des fêtes du cinquantième anniversaire du Collège St-Jean-Vianney : « Porteur de lumière depuis 50 ans », ne craint pas de rappeler ses origines : cette lumière qui a embrasé le collège, à ses débuts, c’est bien celle de la résurrection! Encore aujourd’hui, pour celles et ceux qui partagent peu ou prou la foi des fondateurs, on peut célébrer, à Pâques, toute la vie qui renaît, malgré les quelques deuils qui ont parfois marqué l’hiver! 

Pour découvrir le livre relatant
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Marie Douville
Dam'dou rédaction - conception


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