Nouvelles du Collège Saint-Jean-Vianney

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Séjour inoubliable au Nicaragua

ESPÉRANZA VIT SON STAGE À FOND

Le groupe Esperanza, après tant de mois de préparation, vivait enfin son stage au Nicaragua en avril dernier. Deux élèves du cours de journalisme ont pratiqué les techniques d’entrevue en interrogeant chacun une stagiaire. Nous vous présentons ici quelques extraits de ces entrevues. Merci à tous les quatre de nous permettre de goûter de plus près à certains moments de ce voyage incomparable...

Propos recueillis par David Strasbourg,
auprès de Karianne Verville Prévost,
et par Véronique Rhéaume,
auprès de Rachel B. Deschênes

Que dire de ce pays d’Amérique centrale?

Karianne : C’est un dépaysement total, j’essaierais de trouver quelque chose de commun entre le Québec et le Nicaragua et je n’y arriverais pas... La première chose que l’on remarque, c’est le climat : il n’y a pas une seule journée là-bas où la température est descendue en bas de trente-cinq degrés...

Quelle est la grande différence entre le Québec et le Nicaragua, à part la pauvreté?

Rachel : La différence la plus frappante est la sympathie des gens. Au Nicaragua, tout le monde se salue dans la rue. Les enfants courent après toi pour te saluer avec leur charme fou, et certains sont même venus nous tenir la main en marchant.

Comment as-tu supporté ce changement?

Karianne : En partant, je me disais que ce ne serait pas si pire et qu’il serait facile de ne pas pleurer… je me trompais! C’est un pays extrêmement pauvre. Partout où on allait, les gens vivaient de presque rien et dans des habitations pour la plupart faites de planches de bois ou de taule. Un jour, nous sommes allés à la ferme, la finca. Sur le chemin, parce qu’on y allait à pied, on croisait plein de petits villages extrêmement pauvres, la route était jonchée de déchets, il y avait des enfants qui nous saluaient, ils couraient nus pieds dans la « garnotte » et les déchets. C’était triste à voir.

Quelle est la chose qui a été la plus difficile pour toi?

Karianne : Il y a cette journée où nous sommes allés au dépotoir situé près du village. Je crois que c’est la chose la plus désolante que j’ai jamais vue. Des gens travaillaient au dépotoir, des adultes dans la vingtaine et plusieurs enfants. Ils étaient là à récolter les bouteilles vides et les morceaux d’aluminium pour les revendre pour moins d’un dollar par jour. On a joué avec les enfants du dépotoir et on leur a donné des petits cadeaux...

Durant votre séjour, comment est-ce que vous viviez, où habitiez-vous?

Karianne : Les cinq premières nuits, on les a passées au Centre Oscar A. Romero à Nandaime, le centre qui s’occupe des familles et accueille les groupes de stagiaires. Le reste des nuits, on les a passées dans une famille pauvre du Barillo. Ma famille était très gentille. On avait un peu de difficulté à communiquer au début, mais ça s’est vite amélioré, et les enfants étaient adorables.

Rachel : Dans la maison où je vivais, les plafonds étaient très hauts; il n’y avait qu’un seul étage et aucun sous-sol. Ma famille possédait un chat, un perroquet et un cochon. Nous avions chacun un lit séparé et il y avait même une télévision dans le salon. Nous n’avions qu’une seule toilette; par contre, il n’y avait pas de cuvette. La douche, contrairement à ce que d’autres stagiaires ont connu, était dans la maison et faite en béton. Aussi, nous avions la possibilité d’obtenir de l’électricité et, dans le quartier, un système d’aqueduc permettait à tous d’avoir l’eau courante. Nous ne possédions pas de réfrigérateur, ni de ventilateur, mais je n’avais pas à me plaindre, puisque j’étais dans une des familles les moins pauvres du quartier.

Que peux-tu dire de la nourriture?

Rachel : Au centre, les repas étaient assez variés. Cependant, bien sûr, il y avait souvent ces fameuses bines qui ont mauvais goût. Une journée, on nous a servi, en accompagnement, un morceau de fromage cuit et salé... Je suis presque convaincue que c’est celui qui m’a rendue malade. Dans ma famille, par contre, il n’y avait pratiquement jamais de bines, mais très souvent, du riz. La mère de ma famille préparait de très bons repas.

Qu’as-tu le plus aimé durant ton voyage?

Rachel : J’ai adoré vivre dans des familles; ça m’a beaucoup aidée à ne pas être gênée à cause de l’espagnol et ça nous a mis plus en contact avec les gens du pays. J’ai aimé assister à plusieurs conférences et à certaines processions de la Semaine sainte, qui nous ont aidés à comprendre la culture du pays. J’ai adoré passer des après-midi complets à jouer avec les enfants. Il est facile de les aborder et ils ne sont pas du tout intimidants, au contraire. Ils ont un grand cœur, même si certains sont violents. Bien sûr, la plage était magnifique, ainsi que l’océan, d’une couleur turquoise...

Comment s’est déroulé le retour chez toi, dans ton école?... Te sentais-tu dépaysée?

Karianne : Oui beaucoup. Pendant deux longues semaines, j’ai été habituée à vivre dans la pauvreté et tout d’un coup, je reviens chez moi avec ma grosse télé, mon gros divan et mon frigo rempli; ça donne un feeling étrange.

Que retiens-tu de ton voyage?

Rachel : En plus d’avoir connu une nouvelle culture et d’avoir rencontré des personnes merveilleuses, j’ai vu que le Centre Oscar Romero apportait une grande aide aux gens des alentours. Les adultes comme les jeunes travaillent cinq fois plus fort qu’au Québec et pourtant, ils ne reçoivent même pas 10 % de notre salaire. Certaines personnes, comme celles qui travaillent dans un dépotoir, gagnent entre 1 et 3 $ par semaine! Ce stage de sensibilisation m’a énormément touchée et je comprends parfaitement l’urgent besoin d’aide dans plusieurs pays. Des experts estiment que dans moins de vingt ans, il n’y aura plus d’eau potable au Nicaragua...

Y aura-t-il des différences dans ton mode de vie?

Rachel : Depuis que je suis revenue à Montréal, dans ma maison douillette et confortable, je crois sincèrement que c’est la moindre des choses d’acheter le plus possible des produits équitables. Ce n’est pas ce simple changement qui affectera mes moyens financiers. De plus, je ferme l’eau le plus souvent possible et je ne prends plus des douches de quarante minutes.

Est-ce que tu conseilles à d’autres de vivre une expérience comme la tienne?

Karianne : Oui vraiment! Personnellement, ce voyage a vraiment changé ma façon de voir les choses. Quand on le voit de ses propres yeux, on réalise que les injustices dans le monde, ce n’est pas seulement à la télé, ça existe pour vrai. Si les humains continuent comme ça, ce ne sera pas long que le Nord va souffrir autant que le Sud... Alors au lieu de nous fermer les yeux, aidons ceux qui en ont besoin. Bref, je conseille à tout le monde de vivre ça une fois dans sa vie.

Rachel : Je crois que tout le monde devrait vivre une telle expérience. Pas besoin de devenir extrémiste ou hippie, mais tout simplement de changer quelques habitudes qui, au bout du compte, ne prendront qu’à peine un très léger pourcentage de votre salaire. Acheter équitable, selon moi, c’est être solidaire envers l’être humain...

Si ce voyage était à refaire...

Rachel : Je le referais n’importe quand!


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