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Tous les jours, peu après 15 heures, on voit arriver au collège l’équipe des « chemises grises », dirigée par son chef pince-sans-rire Michel Légaré... L’air très affairé, Michel ne tient pas en place et semble toujours pressé... Pourtant, si vous vous arrêtez pour lui parler, il s’arrêtera aussi, et d’un air très sérieux, commencera à vous raconter une histoire qui finira toujours par un grand éclat de rire, tout fier de vous avoir fait croire qu’il était sérieux! Et il repartira aussi vite, à la poursuite des poussières de St-Jean-Vianney!
Michel Légaré travaille pour l’entreprise Fornet, chargée de l’entretien du collège. Il est le chef de l’équipe qui, jour après jour, commence à s’activer quand les élèves terminent leur journée... En ce temps de Noël, nous avons souhaité vous présenter ces personnes qui nous font, quotidiennement, le cadeau d’un lieu sain et bien entretenu, où il fait bon vivre.
Le rôle de Michel est de superviser les travaux qui doivent être faits au collège, chaque soir, afin que tous les locaux soient en ordre pour le lendemain, quand recommence l’école. Quelle sorte de chef est-il? À la fois très strict, mais aussi amical et joyeux. « On doit avoir du plaisir à travailler, mais quand il faut sévir, on sévit », dit-il.
Le travail est bien organisé, afin que tout soit fait dans le temps qui est imparti à chaque employé. Personne ne peut remettre au lendemain ce qui doit être fait le jour même : les classes, les corridors, les salles de toilette, tout doit être impeccable, jour après jour.
Michel connaît le collège de fond en comble. Il y est chef de l’équipe d’entretien depuis déjà onze ans, un métier qu’il avait d’abord exercé, pendant de nombreuses années, dans des résidences pour personnes âgées et dans diverses entreprises... Et avant ça, il a été boucher! Tout récemment, Michel atteignait l’âge officiel de la retraite, 65 ans. Et pourtant, il n’a pas l’intention d’arrêter de si tôt... D’ailleurs, précise-t-il avec le sourire, son épouse ne serait pas d’accord : elle est plus jeune que lui et elle veut qu’il l’attende!
Et puis, ajoute-t-il, « je suis prêt à arrêter, mais je ne veux pas changer mon rythme. Je ne serais pas capable de tomber à ne rien faire! » Il pense à diminuer éventuellement son nombre d’heures de travail et à en profiter pour former tranquillement un employé qui pourrait le remplacer...
Et lorsqu’il sera « vraiment » à la retraite..., des projets de rénovation l’attendent chez lui... En particulier, il aimerait se remettre à l’ébénisterie – faire et réparer des meubles –, un travail qu’il appréciait quand il était concierge dans des maisons de personnes âgées, où il devait tout faire...
Le travail de l’équipe
Sept personnes font partie de cette équipe... Six d’entre elles commencent leur journée à 15 h 30 et travaillent selon le cas six, sept ou huit heures. La septième, responsable des gymnases, n’entreprend son travail qu’au moment où les gymnases se vident, soit à 22 h, et finit sa journée à 4 heures du matin!
Chaque employé s’occupe d’une section précise du collège. Michel a planifié la répartition du travail pour que tout puisse être fait dans le temps octroyé à chacun. Comme il a déjà eu à faire toutes ces tâches, au cours des ans, il sait combien de temps chacune d’elles doit prendre : par exemple, balayer et nettoyer un escalier, du premier au quatrième étage, « ça prend sept minutes, huit au top. Si l’employé en prend dix, il y a un problème... »
La priorité va toujours aux classes : elles doivent absolument être prêtes pour le lendemain... Balayer à travers tous les pupitres, laver les tableaux, vider les corbeilles, nettoyer le pupitre de l’enseignant... Selon les étages, il y a évidemment plus ou moins de classes à entretenir, mais dans la plupart des cas, il y en a 17, précise Michel... Lorsqu’il y a moins de classes, il y a davantage de bureaux; dans ce cas-là aussi, l’entretien doit être bien fait, puisqu’il faut que toute la clientèle soit satisfaite, pas seulement les élèves, mais chacun des membres du personnel.
À ces tâches qui reviennent chaque soir s’ajoutent des ouvrages particuliers, selon les jours. Par exemple, les lundis d’hiver, chacun doit nettoyer tous les tapis de son étage; le mardi, tous les ordinateurs doivent être époussetés...
Qu’arrive-t-il l’été?
L’été, la vie reprend les couleurs du jour pour l’équipe d’entretien! Elle dispose d’environ six semaines pour remettre le collège à neuf : « Il n’est plus question de classes à balayer : on les décape au complet, du plafond au plancher! Pour arriver à tout faire pendant l’été, on doit nettoyer à fond quatre classes par jour. On fait aussi le grand ménage des escaliers, des corridors... »
Égayer le travail
Ennuyant, ce travail? Pas pour Michel et son équipe... Michel insiste : « il faut toujours avoir du plaisir à travailler »... Et il ne se gêne pas pour égayer l’atmosphère en racontant sans cesse des blagues... Entre eux, les membres de l’équipe aiment aussi beaucoup se jouer des tours. « En réalité, dit Michel, l’équipe est toujours en farce!... Un soir, on a déjà pris les tables de pingpong pour les mettre dans les cases; le gars qui doit faire le ménage dans les cases s’est dit : 'les jeunes sont donc sans-dessein!' Il ne pouvait pas imaginer qu’on lui avait joué un tour! Il faut travailler en jouant un peu... »
Les membres d'une équipe indispensable
De gauche à droite : Mathieu Klein, Simon Talbot, Jonathan Jobin, Jinny Bouthillette, Marco Rabbini, Michel Légaré et Christian Caron
Seule touche féminine de l’équipe, Jinny Bouthillette est responsable des « tâches B » : l’entretien des bureaux. C’est une fonction qui demande plus de précision et de soin que dans les classes. Entrer dans les bureaux, c’est pénétrer dans l’intimité des gens; ça demande du tact et un sens du respect élevé.
Jinny est le bras droit de Michel. Quand elle est là, Michel est soulagé de plusieurs tâches; « et quand elle n’est pas là, je suis malheureux, je travaille en double! ». Jinny fait ce travail depuis plus de quinze ans et Michel n’a pas à repasser derrière elle pour s’assurer que tout est bien fait. Sa plus grande qualité est sa fiabilité. Elle est aussi très enjouée et elle a beaucoup d’entregent, ce qui lui permet de créer de bons contacts avec le personnel du collège.
Marco Rabbini est au collège depuis six ans. Le troisième étage n’a plus de secret pour lui! Michel est fier de dire qu’il peut demander n’importe quoi à Marco : celui-ci est toujours disponible. Il prend sa vitesse de croisière et il la tient, bien supervisé par son capitaine!
Simon Talbot est un nouveau venu. Il a hérité du rez-de-chaussée : salle de récré, vestiaires, etc. Simon est consciencieux, dit Michel... « Mais quand ça ne marche pas, il grimpe facilement dans les rideaux! Il voudrait que tout marche comme il voudrait... Eh oui, il est jeune! Mais il est surtout brave, il dit toujours que ça va bien... Par exemple, quand il y a eu une inondation dans les cases des filles, il s’en est occupé sans rouspéter. Il est prêt à tout faire! »
Le deuxième étage est aussi confié à un nouveau venu, qui travaille pour Fornet depuis environ un an : Jonathan Jobin. Michel raconte qu’il lui a montré ce qu’il avait à faire, à son arrivée, et depuis, il n’a plus besoin d’aller vérifier. « Il est très appliqué; je n’ai pas un mot à dire, c’est fantastique. Il aime son travail et il fonctionne bien en équipe. »
Mathieu Klein s’occupe du quatrième étage, où se trouve un bon nombre de bureaux. L’avantage d’être responsable d’un étage en particulier, selon Michel, c’est que l’employé finit par connaître tout le personnel, même sans le croiser souvent. « Il sait qu’un tel est capricieux sur ça ou ça... Ne déplace pas ça, ne touche pas à ce cadre-là, respecte ceci, cela... » Mathieu se plie aisément à ces exigences et s’acquitte bien de son travail.
Le septième membre de l’équipe est l’oiseau de nuit, Christian Caron. Il a six heures pour remettre les trois gymnases en ordre, les couloirs, les palestres... C’est le sportif du groupe! Et quand les élèves arrivent, trois ou quatre heures après le départ de Christian, tout est impeccable!
Du travail très bien fait...
Patrick Plante, au cours de cette entrevue qu’il a réalisée avec Michel Légaré, lui a fait remarquer : « Le matin, on a toujours l’impression d’arriver dans une place neuve... » La réaction de Michel ne tarde pas : « Quand un membre du personnel nous dit ça, ça nous fait toujours plaisir, ça nous pousse à ramasser encore plus! Ça nous aide à travailler; ce sont des petites attentions qui ont l’air stupide pour certains, mais pour nous, c’est beaucoup. On n’a pas beaucoup de contact avec les membres du personnel, on ne les voit pas; mais eux, ils voient ce qu’on fait. Alors quand on les rencontre et qu’ils nous le disent, ça nous fait plaisir! »
« Est-ce que c’est important pour vous que les gens vous saluent? », demande ensuite Patrick. « C’est sûr qu’on aime que les gens voient ce qu’on fait pour eux. Juste nous dire bonjour, ça nous fait plaisir! Les gens finissent par nous connaître, on fait partie de la famille. La seule différence, ajoute-t-il en riant, c’est qu’on n’a pas les mêmes heures... et on n’a pas le même payroll! »
Et du côté des élèves?
La relation avec les jeunes est habituellement très bonne. La plupart des élèves sont très respectueux. Quand les employés d’entretien arrivent au collège, les jeunes sont encore sur place; ils se croisent surtout dans la salle de récréation. « Les jeunes nous voient pendant cinq ans. Rendus en secondaire 5, ils nous connaissent depuis le secondaire 1, ils savent qu’on n’est pas méchant! Ce sont les jeunes qui s’approchent le plus de nous autres. Parfois, les élèves vont être plus proches de nous autres pour parler de problèmes; je suis ouvert à tous les enfants, et peut-être qu’ils le sentent... »
Vogue la croisière...
Vous ne pourriez rencontrer Michel au détour d’un corridor sans qu’il vous parle de sa dernière croisière, ou de la prochaine... Il est en effet un passionné des croisières, rêvant actuellement à la prochaine, la dixième...
Cette passion lui est venue lors d’un voyage au Venezuela. Il avait pris une journée croisière... « Être sur le bateau toute la journée, entendre de la musique, sentir le soleil, se baigner dans l’océan sans rien autour de toi... C’était un rêve, comme dans les films! » À partir de là, il est devenu évident que le prochain voyage serait une croisière, une vraie! Michel et son épouse ont choisi de célébrer leur anniversaire de mariage sur un bateau de 105 000 tonnes! « Le collège est tout petit à côté de ça! Le thrill que tu ressens dans l’estomac en voyant ça!! »
Ce qu’il aime beaucoup, de ces croisières, ce sont les amis qu’il se fait. Comme il est très sociable (on l’avait deviné!), il choisit toujours de prendre ses repas à une table pour huit convives... Les gens viennent de partout, de diverses origines, de divers milieux... « Tu t’assois et tu parles! Les gens se racontent, disent d’où ils viennent. C’est fantastique, l’échange avec les gens... On se retrouve au casino, au bord de la piscine, partout! C’est plus cher qu’un voyage dans un hôtel, mais ça en vaut vraiment la peine! »
Michel varie ses destinations, le canal de Panama, Belize, toutes les îles du Sud... Il aime découvrir les mœurs des gens dans les diverses escales du bateau. Par-dessus tout, il aime découvrir la nourriture... Il raconte qu’à chaque escale, des cuisiniers de la place sont invités à venir sur le bateau, pour préparer des mets typiques... « De grands chefs... et j’adore manger! Chaque fois j’engraisse de 10 livres! » Mais après deux soirées passées à courir à travers le collège, il n’en reste rien!
L'éternel sourire
En conclusion, notre intervieweur a demandé à Michel comment il fait pour avoir toujours l’air de bonne humeur, quand on le croise au collège... Laissons-lui la parole : « C’est facile de répondre à cette dernière question! Quand tu vas travailler, tu laisses tes problèmes personnels chez toi et tu vis le moment présent. Il y a tellement à apprendre avec les gens en face de toi, tout ce qu’ils t’apportent, c’est gratuit et tellement bénéfique! La chaleur humaine qui se donne, c’est fantastique! »
Merci à Michel, Jinny, Mathieu, Simon, Jonathan, Marco et Christian qui contribuent fortement à faire de St-Jean-Vianney un lieu accueillant!
Et n'oubliez pas : si vous les croisez, dites-leur bonjour!
Marie Douville Dam'dou rédaction - conception
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