Nouvelles du Collège Saint-Jean-Vianney

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Le texte d'une élève publié dans Le Devoir!

Tous les ans, les élèves de 5e secondaire de Mme Andrée Hammond s'initient à l'engagement de nos grands écrivains, par les mots. Plusieurs anciens se souviendront du travail sur le fameux « J'accuse » d'Émile Zola. Les élèves ont cette année travaillé le texte, puis ont écrit à leur tour un texte « à la manière de... ». 

Lorsque le texte est digne de mention et que l'actualité s'y prête, Mme Hammond suggère aux élèves d'envoyer leur lettre aux journaux. C'est ce que Sabrina Benmessaoud, foyer 51, a fait cette année en envoyant son texte au journal Le Devoir. Nous avons appris à notre plus grand plaisir que son texte y avait été publié!

Félicitations Sabrina!

 

Voici le texte en question : 

« Voulez-vous entendre une blague ? Regardez autour de vous, notre société en est une bonne. Nous prétendons vivre dans une société humanitaire, une société égalitaire, une société solidaire. Une société où l’on prétend prôner amour et égalité, pour ensuite tuer et lyncher ceux du même sexe qui, Dieu pardonnez-les, oseraient se partager un baiser. Une société où l’on prétend valoriser la paix, mais faites gaffe à votre démarche, ou vous pouvez finir comme Trayvon Martin, avec une balle qui arrache. Une société où l’on prétend apprendre de nos erreurs, mais pourtant que connaissez-vous du génocide des Rohingyas ?

Bien sûr, je suis consciente du progrès de l’homme et l’ouverture continuelle de son esprit. Je suis également consciente du privilège que j’ai de vivre dans un pays aisé où mes parents ont trouvé abri pour fuir les démons qui ont détruit leur ancienne vie maintenant morte à travers les coups de fusil. Pourtant, où est-ce que mon privilège s’arrête ? Il s’est arrêté au moment où mon nom de famille n’était plus Benmessaoud, mais Ben Laden. Il s’est arrêté au moment où lorsqu’on parlait du 11-Septembre, les yeux tournés vers moi me faisaient sentir responsable de ces morts. Il s’est arrêté au moment où je me suis fait surveiller dans une boutique, car apparemment j’ai le physique d’un bandit typique. Il s’est arrêté au moment où je me suis fait suivre dans la rue par un inconnu et je vous arrête tout de suite, je n’étais pas nue. Il s’est arrêté au moment où j’ai dû défendre ma tenue au lieu qu’on s’attarde à un homme dans la quarantaine suivant une adolescente touchant à peine sa vingtaine.

Mon privilège s’est arrêté au moment où j’ai souhaité être un homme blanc. Celui qui me regarde du haut de la hiérarchie sociale avec un air désolant, celui qui n’a pas dû s’habituer à des commentaires dégradants, celui qui marche avec la tête haute et forte tout en riant. Ton privilège est précieux, crois-moi, c’est quelque chose que je ne verrai qu’à travers mes deux yeux, mais que je n’expérimenterai jamais, peu importe à quel point je le veux. Pourtant, à quoi te sert-il si tu l’utilises pour oppresser encore des minorités qui en ont déjà assez ? Pourquoi ne pas utiliser ta voix pour faire entendre celles qui ne font pas le poids ? Pourquoi ne pas aider ta mère, ta soeur, ta tante, ta cousine, ta femme, ta fille à vivre dans un milieu tranquille ? Pourquoi ne pas aider ton voisin haïtien, ton copain marocain, ton patron mexicain à vaincre les commentaires sans fin ?

Voulez-vous entendre une blague ? Nous vivons dans une société individualiste, une société égoïste, une société égocentrique, où égalité et justice riment avec inhumanité et préjudice. »

Sabrina Benmessaoud

Voir sur le site du journal le devoir


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