20 février 2007
Vivre 24 heures en silence…
Écoutez...
La fin de semaine dernière, deux élèves se sont rendus, en compagnie de Sébastien Doane, chez nos voisines, les Recluses. Ils sont allés vivre l’expérience du « 24 heures de silence »… Au début du mois, sept autres élèves avaient déjà vécu l’expérience, alors qu’un troisième groupe le fera en avril. Année après année, le « 24 heures de silence », qui se vit soit chez les Recluses missionnaires, soit chez les Moniales dominicaines de Berthierville, attire quelques jeunes de cinquième secondaire...
Les deux communautés de religieuses ont choisi de vivre cloîtrées, c’est-à-dire à l’écart de la vie civile, dans le silence et la paix d’un monastère. Leurs journées s'écoulent entre le travail et la prière, individuelle et en communauté. Les Recluses, à tour de rôle, passent une heure et demie en adoration à la chapelle; ainsi, peu importe l’heure du jour ou de la nuit, la prière est constante. Les religieuses offrent à qui en ressent le besoin la possibilité de passer quelque temps chez elle, pour se ressourcer, méditer, réfléchir ou simplement se reposer.
Sœur Louise
Chez les Recluses, les participants à ce 24 heures de silence sont accueillis par sœur Louise, une religieuse on ne peut plus dynamique. Tout récemment, d’ailleurs, sœur Louise a fait l’objet d’un article dans le magazine Jobboom, qui traitait des «aventuriers de l’emploi». Quelle aventure, en effet, de choisir de passer toute sa vie dans un monastère! Sœur Louise est arrivée chez les Recluses à l’âge de 18 ans, en 1966, et elle y est encore aujourd’hui. Vers l’âge de 40 ans, raconte-t-elle à la journaliste Corinne Fréchette-Lessard, elle a pensé à quitter le monastère... Non pas pour redevenir laïque, mais plutôt pour entrer dans une communauté plus active à l’extérieur – soit comme enseignante, soit comme hospitalière. Mais, ajoute-t-elle, « après mûre réflexion, j’en suis venue à la conclusion que j’étais là où le Seigneur me voulait. »
Sœur Louise explique, à ses jeunes visiteurs, la vie au monastère Notre-Dame-de-l’Annonciation; elle leur fait voir les lieux qui ne sont pas réservés aux religieuses. Puis, peu après leur arrivée, c’est l’heure de la prière du soir... Les jeunes sont invités à assister à cet office, pour découvrir à la fois la chapelle et ce moment important de la vie des religieuses; une façon pour les visiteurs de se plonger concrètement dans une atmosphère complètement différente du quotidien.
Du temps pour se découvrir
Les jeunes sont ensuite laissés à eux-mêmes et ne se retrouvent qu’au moment des repas, qui se prennent eux aussi en silence. Ils ont le loisir de demeurer dans leur chambre, de séjourner à la chapelle ou à la bibliothèque, ou encore de profiter des grands jardins pour se promener. Ceux qui le souhaitent peuvent assister aux autres offices : les Complies (moment de prière juste avant la nuit), l’office du matin, la messe, puis l’office du midi.
Pendant le séjour, Sébastien glisse sous la porte de chambre des élèves, à différents moments, des textes et exercices pouvant alimenter la réflexion. Chacun choisit ce qui lui convient. Le but n’est pas d’être obligatoirement en silence, mais de profiter de ce moment « hors du temps » pour découvrir son intériorité...
Après toutes ces heures de silence, un retour est fait en compagnie de sœur Louise. Comment se sent-on? Que retient-on? Qu’apprend-on pendant ces longues heures? Une des pensées entendues, cette fois-ci comme après d’autres séjours, c’est combien ce temps d’arrêt, par la proximité silencieuse qu’il provoque, permet de rencontrer vraiment la personne qui se cache derrière l’image projetée en société.
Les participants remettent à Sébastien une évaluation de leur séjour, en tentant d’indiquer ce qu’ils ont ressenti. Leurs témoignages permettent de saisir le cheminement effectué pendant ces quelques heures...
Quelques témoignages
Pourquoi être là?
«Au début, je voyais le 24h comme un temps de repos.»
«C’est une occasion de me comprendre et de me reconnecter à Dieu.»
«Je suis venu pour prendre une décision par rapport au cégep.»
Ce qu’on y découvre?
«J’ai pensé à mes valeurs, je sais maintenant mes priorités.»
«J’ai besoin de m’aimer plus, de travailler mon estime de soi.»
«À l’école, je porte un masque, une carapace, je ne suis pas moi-même et les autres aussi font la même chose. Je veux développer des vraies relations.»
«Je vois maintenant qui est vraiment important dans ma vie.»
«J’ai découvert que l’on peut développer une relation et communiquer même dans le silence.»
«Dans le fond, tout le monde a besoin d’aimer et d’être aimé.»
Est-ce que Dieu est présent?
«Il était là, j’étais bien. J’ai prié quelques fois.»
«Je me suis reconnecté à Dieu. J’ai compris son but dans ma vie et je sais maintenant qu’il va être là à chaque étapes de ma vie.»
«J’ai trouvé en moi une grande spiritualité que je ne pensais pas avoir.»
«Je crois m’être rapproché un peu plus de Dieu.»
«J’ai pu prier pour quelqu’un, c’est quelque chose que je n’avais pas fait depuis trois ans.»
«J’ai trouvé ce qui, pour moi, est Dieu, où le trouver et quel rôle il joue dans ma vie.»
«Ça confirme ce que je pensais déjà : je ne crois pas en Jésus-Christ ni en Dieu, mais en l’âme, en l’humanité et en la bonté.»
Le silence...
Une expérience à vivre, même s’il peut paraître affolant à certains de se retrouver… seul avec soi…
Marie Douville
Pour nous transmettre nouvelles et commentaires, communiquez avec Marie Douville en cliquant sur ce lien : Dam'dou rédaction – conception